Visite guidée avec Anne-Marie TOLEN NGON

Être choisie  pour la une du magazine Fiers d’Elles, quel honneur ! Et quelle responsabilité ! Pour un peu j’en tremblerais, et puis non je décide de ne pas me mettre la pression.

C’est la fin d’une année encore une fois pleine de bruits et de fureur, où les femmes ont mené avec courage des combats honorables, et souvent payé un lourd tribut. Je m’incline avec respect, mais faisons une trêve pour laisser tomber un instant de nos épaules le poids des choses sérieuses.

Je ne veux pas parler de moi, mais partager mes coups de cœur, retenir de l’an 2019 quelques pépites qui entretiennent l’espérance.

LE PALAIS DE LOME

LE PALAIS DE LOME

Il y a des moments privilégiés. Des instants d’exception. La chance tout simplement d’être là au bon endroit, au bon moment. L’inauguration internationale du Palais de Lomé est pour moi une de ces bulles de pure satisfaction qui scintillent longtemps dans le souvenir.

Ancien palais des gouverneurs allemands au Togo, ce bâtiment a fait l’objet d’un chantier de rénovation de plus de cinq ans, entièrement financé par l’Etat.

La restauration est une merveille d’équilibre respectant l’architecture d’origine aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur. Le parc immense forme un écrin luxuriant, percé par une perspective majestueuse vers l’océan. Je me suis senti tout simplement bien dans ce lieu chargé d’histoire et rendu à la vie.

D’après la directrice Sonia Lawson qui a porté le projet avec une ténacité admirable, le Palais de Lomé est désormais un centre d’art et de culture dont la vocation est de présenter les talents créatifs de l’Afrique et de ses diasporas. Son inauguration internationale s’est déroulée du 22 au 23 novembre 2019.

Cinq expositions se déploient dans les salles. Celle qui m’a le plus touchée s’intitule « Infinity : hommage à Kossi Aguessy (1977-2017). La commissaire d’exposition Sandra Agbessi a rassemblé plusieurs pièces du génial designer et artiste né à Lomé de mère togolaise et père brésilien. Des photos, un catalogue et un film réalisés spécialement pour l’occasion complètent la découverte de cette œuvre multiforme et futuriste, interrompue par le décès prématuré du créateur.

Un autre temps fort des activités inaugurales était la promenade à travers Lomé sur les traces des œuvres de Paul Ahyi (1930-2010). Artiste complet qui a exploré tous les genres, Paul Ahyi a marqué de son empreinte la capitale togolaise : monuments, sculptures, fresques murales, mosaïques, vitraux, décoration d’intérieur… De nombreux espaces publics et bâtiments privés ont bénéficié des embellissements de l’artiste. Nous les découvrons un à un, grâce au guide, et ce fil d’Ariane nous conduit jusqu’au musée de la fondation Paul Ahyi à Agnassan, un véritable bijou.

Croyez-moi, le Palais de Lomé est désormais une raison suffisante pour aller à Lomé et une étape indispensable dans la visite du Togo quel que soit le motif du séjour !

LIRE

J’aime lire, c’est même une passion et j’ai l’habitude d’offrir des livres pour les fêtes. Voici un bouquet de trois belles fleurs littéraires que je compte faire découvrir à mes amis cette année.

MUNYAL, LES LARMES DE LA PATIENCE

MUNYAL, LES LARMES DE LA PATIENCE

L’année a été riche pour l’écrivaine DjaÏli Amadou Amal. En effet, la presse panafricaine lui a décerné le 17 mars 2019 le prix du meilleur auteur africain catégorie femme. Son troisième roman « Munyal, les larmes de la patience » paru en 2017 aux éditions Proximité (Yaoundé) a été couronné du Prix Orange du livre en Afrique décerné par la Fondation Orange le 22 mai 2019.

L’auteure nous fait rentrer dans la concession familiale peule, d’ordinaire cachée aux regards étrangers. Là, la femme du Sahel, en fait souvent la très jeune fille, se trouve confrontée au mariage précoce et forcé. La famille, la société lui demandent de tout supporter avec patience (munyal) selon le code d’honneur du pulaaku. Pour l’avoir vécu, DjaÏli insuffle à ses personnages une sincérité et une émotion poignantes. Aujourd’hui elle milite passionnément pour la scolarisation des petites filles. J’ai le plaisir de parrainer plusieurs élèves par l’intermédiaire de l’association qu’elle a fondée.

LES JOURS VIENNENT ET PASSENT

LES JOURS VIENNENT ET PASSENT

J’attendais avec impatience la sortie du quatrième roman de Hemley Boum, publié le 10 octobre 2019 chez Gallimard. Dans « Les jours viennent et passent » elle nous donne à entendre les voix de trois femmes Anna, Abi et Tina dont les destins s’étirent de l’aube des indépendances jusqu’aux ravages de la secte Boko Haram. Fan de la première heure, je trouve que la plume de Hemley se bonifie encore, et son talent à dire l’histoire à partir du vécu intime de ses personnages.

ROUGE IMPÉRATRICE

ROUGE IMPÉRATRICE

Le dernier roman de Léonora Miano est paru chez l’éditeur Grasset le 21 août 2019. Dans Rouge impératrice, roman-monde de 608 pages, Léonora Miano invente une Afrique à la fois futuriste (l’action se déroule dans un peu plus de 100 ans) et délicieusement familière, tissée de codes et de références qui créent une connivence ludique avec le lecteur « afro-éclairé ». Si vous avez aimé habiter en imagination le Wakanda, vous aimerez arpenter Katiopa avec Boya, l’héroïne du roman. Un continent africain presqu’entièrement unifié, devenu prospère, où les Sinistrés de la vieille Europe sont venus trouver refuge.

MUSIQUE

En ce moment ma playlist est décidément d’inspiration « latina ». J’offre encore des DVD, je sais que c’est démodé mais ils figurent en bonne place dans mes pochettes-cadeaux.

CONCHA BUIKA

CONCHA BUIKA

Elle est née en Espagne où ses parents avaient fui la Guinée Equatoriale dans les années 70. Je trouve que sa voix est comme un fruit amer et magnifique de l’exil. Tous ses albums sont somptueux, sans compter ses nombreuses collaborations avec d’autres artistes. Carlos Santana l’a invitée à chanter sur trois titres dans son album « Africa Speaks ». Le dernier single de Buika « Vete que te quiero » est une merveille de flamenco jazz.

AFROLATINO CLUB

AFROLATINO CLUB

Je me délecte avec AfroLatino Club, l’excellent album de Jay Lou Ava et Juan Gregoraci sorti au début de l’année. Les deux musiciens y font dialoguer leurs guitares, retournant aux sources des rythmes d’Afrique et des Amériques pour nous enchanter.

JOAO GILBERTO

JOAO GILBERTO

Joao Gilberto est décédé le 6 juillet 2019 à Rio de Janeiro. C’est en 1963 mon année de naissance qu’il enregistrait l’album GETZ/GILBERTO avec la version culte de « the Girl from Ipanema ». Constamment réédité, personnellement il n’y a pas d’humeur sombre que cet album ne puisse alléger.

CHANTER ET DANSER AVEC MINGA

Minga et la cuillère cassée

Les petits ne seront pas en reste pendant les vacances avec la sortie en DVD du long métrage d’animation « Minga et la cuillère cassée ». Après une belle carrière dans les festivals et des projections en salle aux quatre coins du monde, cette véritable comédie musicale animée est enfin disponible pour de merveilleuses soirées en famille. En reprenant ce conte du folklore qui relate les tribulations d’une jeune orpheline dans la forêt équatoriale, le réalisateur Claye Edou fait la part belle aux chants et aux danses du riche patrimoine culturel camerounais. Pas ou plus d’enfants chez vous? Qu’à cela ne tienne, Minga réveillera et comblera celui qui sommeille en chacun de nous.

BONNES FETES

Merci de m’avoir accompagnée dans cette promenade guidée uniquement par les élans du cœur et de l’esprit. Je vous laisse, il y a tant à faire : rassembler ceux qu’on aime, accueillir le mystère de la Nativité… sans oublier de se reposer un peu avant d’entamer la nouvelle année. Prenez soin de vous !

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