A quoi ressemble un confinement partiel ? La stratégie de la Suisse au-devant de la scène.
Mi-janvier 2020
Nous avions vent de la situation sanitaire devenant progressivement critique en Chine mais avions quand même espoir que le virus soit contenu. Donc la vie en Suisse était relativement tranquille, les médias ne parlaient pas encore suffisamment du virus même s’ils surveillaient de loin la situation.
Mi-février 2020
Nous commencions à voir des informations de la part de nos collègues asiatiques et, par conséquent, à mettre en place des processus pour nos bureaux en Asie sans savoir que nous aurions à étendre cette stratégie plus tard pour la Suisse. Et c’est là que j’apprends avec surprise de la part de 2 de mes collègues qu’elles ont déjà fait le stock de gel hydro alcoolique et de masques tout autant que le stock de vivres pour 1 mois. Mince alors, je n’y avais pas pensé une seule seconde ! Faut dire que je refusais de me scotcher sur les infos continuellement ; contrairement à elles !
nous avions vent de la situation sanitaire devenant progressivement critique en Chine mais avions quand même espoir que le virus soit contenu
Fin février
La Suisse a commencé à compter ses cas et, dans notre entreprise, une équipe en charge de la continuité du business s’est rapidement formée pour gérer la crise de façon plus locale. Ce moment marque aussi la mise place d’une organisation sous forme de « split des équipes ». En effet, nous avons réinventé notre façon de travailler dans un premier temps en divisant les équipes en deux et en les localisant dans des buildings différents. Donc il a fallu repenser toute l’organisation avec l’aide des Team Heads et mettre à jour les systèmes pour suivre ces changements.
C’est là que je me rappelle que nous n’avons pas de masques à la maison ! On a fait le tour des pharmacies sur Genève, Vaud et Neuchâtel (3 cantons !) sans succès. Nous étions quand même arrivés à avoir quelques petites bouteilles de gel hydro alcooliques, oufff… C’était mieux que rien !
L’objectif de ce « split » étant de toujours avoir une continuité opérationnelle au sein des équipes même en ayant des cas d’infections.
Début mars
nous avons dans la foulée, en entreprise, créé des outils pour suivre les cas de quarantaine, de possibles infections et d’infections avérées afin d’avoir une vision globale des cas et ainsi affiner la stratégie.
Mi-mars
nous sommes en plein dans la crise avec des cas de plus en plus nombreux. La Confédération a déclaré un confinement partiel en Suisse basé sur la responsabilité des habitants. Les écoles sont annoncées fermées jusqu’à nouvel ordre et de nouveau les entreprises doivent se réorganiser. Là aussi on a vu la capacité des entreprises à prendre en compte les besoins personnels de leurs collaborateurs tout en étant performants. Beaucoup d’entreprises ont mis en place la distribution de lunch boxes, de gel hydroalcooliques, de kits de nettoyages des téléphones et bureaux. Nous avons offert 7 jours à nos collaborateurs pour s’organiser et trouver des solutions de garde avant de revenir au travail.
C’était le moment de mettre en place le « home office full access » pour tous les employés afin que les équipes puissent s’organiser pour savoir qui travaille de la maison et qui vient au bureau (de façon permanente ou par rotation). Donc les équipes IT ont été sous stress pendant des jours pour pouvoir supporter cette forte demande de travail à la maison mais surtout renforcer la structure informatique du réseau de l’entreprise pour répondre à cette situation.
Sur un plan plus personnel, comme je suis une grande pendulaire, ma cheffe m’a demandée de regarder les options pour ne plus prendre le train et ainsi minimiser les risques d’attraper le virus. La seule option pour moi étant la voiture, il a été décidé de réaménager mes heures de travail pour venir super tôt au travail mais aussi rentrer plus tôt à la maison. De ce fait, je quitte la maison à 5h45 du matin pour être au travail à 6h45. L’après-midi, je quitte le travail à 15h45 pour être à 17h maxi à la maison.
C’était le moment de mettre en place le « home office full access » pour tous les employés afin que les équipes puissent s’organiser pour savoir qui travaille de la maison et qui vient au bureau
Fin Mars
Nous voici déjà en fin mars, et la Confédération annonce une stratégie solide de soutien financiers aux PME et indépendants face au virus.
Au sein des entreprises, il a fallu mettre en place des outils pour permettre aux équipes de rester connectées chaque jour en étant splittées (soit dans un autre building ou en home office).
Il a fallu aussi gérer les velléités des collaborateurs infectés qui, après plus de 14 jours en quarantaine, n’en pouvaient plus d’être isolés et demandaient à revenir travailler. Ceci a mis en exergue encore plus l’isolement grandissante des personnes en Europe (des jeunes comme des personnes âgées) qui considèrent de plus en plus l’environnement du travail comme l’un de leurs rares lieux de socialisation.
Il a fallu aussi gérer les velléités des collaborateurs infectés qui, après plus de 14 jours en quarantaine, n’en pouvaient plus d’être isolés et demandaient à revenir travailler.
Début avril
Me voilà malade avec des symptômes ressemblants fortement à ceux du Covid-19, j’appelle mon médecin qui veut me voir de suite pour me tester. Deux jours plus tard, le test revient négatif. Je suis soulagée mais je dois quand même restée isolée car le médecin soupçonne que je sois une « fausse négative ».
plusieurs cas de burn-out possibles ont été signalés par ces mêmes collaborateurs qui ont eu du mal à gérer les enfants et le travail en même temps qu’en faisant du home office
fin avril
Aujourd’hui, nous sommes fin avril et nous sommes toujours dans le même système de travail mis en place et expliqué ci-dessus. La seule différence étant que nous sommes en pleine réflexion sur comment réintégrer progressivement et en douceur les collaborateurs après le Covid-19. Et bonne nouvelle, on a enfin pu avoir des masques…
Une petite enquête faisant état du fait que 3 collaborateurs sur 4, ayant répondu à l’enquête, en Suisse préféreraient continuer de faire du home office, la tâche s’annonce ardue pour les entreprises de récupérer les collaborateurs en forme et déterminés de revenir physiquement au travail. D’un autre côté, plusieurs cas de burn-out possibles ont été signalés par ces mêmes collaborateurs qui ont eu du mal à gérer les enfants et le travail en même temps qu’en faisant du home office.
L’après Covid-19 semble réserver encore bien des surprises mais sommes-nous prêts à nous y ajuster ? L’avenir nous le dira…