Femmes Entreprenantes Quel Role Dans l’Economie de Crise

Femmes entreprenantes, quel rôle dans l’économie de crise ?

Depuis près de six (06) mois maintenant, à la faveur de la pandémie du Covid-19, le monde entier vit l’une des plus graves crises sanitaire de son histoire. Sans s’attarder sur les milliers de morts au niveau mondial, dont le décompte est devenu des plus angoissants, cette crise sanitaire est effectivement grave, non seulement du point de vue de son envergure, cinq continents sur cinq sont touchés, mais aussi du point de vue de son amplitude, car tous les domaines de la vie sociale sont impactés (éducation, santé, culture, économie, politique, environnement). Mais au stade actuel de l’évolution de la pandémie, dont on craint depuis quelques jours déjà tant la mutation du virus qui en est la cause que l’évolution vers un nouveau cycle de contaminations, on peut déjà se risquer à identifier, à titre de conséquences, deux (02) autres crises : une crise sociale et une crise économique.

La crise sociale a déjà commencé à produire ses effets dévastateurs au niveau des Etats-nations, où les systèmes d’enseignement, de formation et de recherche sont globalement à l’arrêt, les activités sociales et culturelles sont paralysés, et où l’augmentation du nombre de chômeurs et les risques de famine font craindre des nouvelles émeutes de la faim. La crise économique quant à elle est engendrée par l’arrêt des appareils de production des Etats, des firmes multinationales et des entreprises publiques et privés, l’asphyxie des PME, la paralysie des échanges commerciaux, la régression de la demande et de la consommation des biens et services, la montée de l’inflation, la chute des prix de certaines matières premières, dont le pétrole, qui connait l’un de ses prix les plus bas de l’histoire. 

La situation économique de l’Afrique, où se dessine déjà un scenario catastrophe, est des plus préoccupantes. De l’avis de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED), analysant l’impact de la pandémie sur l’évolution du commerce mondial et ses répercussions pour les économies africaines, la croissance du produit intérieur brut (PIB) de l’Afrique pourrait passer de 3,2% à 1,8 % en 2020. Dans le même sens, la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) estime que la pandémie du Covid-19 pourrait entraîner une baisse des recettes d’exportations de l’Afrique de plus 100 milliards de dollars en 2020. À titre d’exemple, la CEA, estime les pertes des exportations totales du Nigéria de pétrole brut cette année entre 14 et 19 milliards de dollars. Au vue des indicateurs méso et macroéconomiques actuels, la situation peut être encore plus grave !

Le faible niveau de diversification des économies africaines pourraient en effet aggraver les pertes de recettes des pays africains. Et c’est dans ce contexte de crise que de nombreux leaders politiques appellent à l’annulation de la dette africaine, dans l’optique d’alléger l’impact de la crise. En novembre 2019, la CNUCED estimait que l’encours total de la dette extérieure des pays les moins avancés (PMA) a plus que doublé entre 2007 et 2017, passant de 146 à 313 milliards de dollars. La crise actuelle ferait exploser cette statistique. 

Dans ce contexte de crise, le rôle de la femme en général, et de la femme entreprenante en particulier, est singulièrement scruté. Ce contexte rend encore plus important, l’entrepreneuriat féminin et les diverses mobilisations de la femme africaine dans la création des richesses sur le continent. Selon les dernières statistiques de l’Organisation des Nations unies (ONU), le taux d’activité économique des femmes d’Afrique se situe autour de 61,9%, et est supérieur à celui de la plupart des autres continents. Daniel COHEN, analysant les causes de la richesse et de la pauvreté des Nations, nous apprend que les femmes africaines assurent encore aujourd’hui près de 70 % des tâches domestiques et des activités de production. Si dans le monde, les femmes effectuent les deux tiers (2/3) du nombre total des heures de travail, constituent plus des 2/3 de la main d’œuvre employée, produisent plus de la moitié des aliments consommés, elles ne gagnent malheureusement que 10 % du revenu total obtenu, possèdent moins de 2% des terres et reçoivent moins de 5% des prêts bancaires, cette situation est encore plus contrastée en Afrique. Malgré de fortes contraintes politiques, économiques, sociales et culturelles, les femmes entreprenantes africaines sont à la fois le pilier et la clé de voûte des familles et des communautés, mais aussi l’épine dorsale du système économique du continent, dans la mesure où elles constituent le noyau de la main-d’œuvre agricole, artisanales et possèdent la majorité des entreprises du secteur informel. 

Cette crise donne l’occasion à la femme entreprenante de renforcer son emprise sur l’économie du continent. En d’autres termes, elle doit saisir cette crise comme une opportunité pour jouer pleinement le rôle de leader qui lui renvient légitimement. Pour ce faire, elle devra, d’une part conserver son emprise sur ses secteurs traditionnels de domination (agriculture, artisanat, alimentation, industrie de l’habillement, services, etc.), d’autre part s’ouvrir à de nouveaux secteurs rendus vitaux et stratégiques par la pandémie (le secteur médical et paramédical ; les technologies de l’information et de la communication, etc.). La clé pour cette mobilisation est la flexibilité et l’innovation

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